1. LE CONTEXTE DU PROJET
La peste porcine africaine (PPA) est une maladie virale extrêmement résistante affectant les porcs et les sangliers, avec un taux de mortalité situé entre 90% et 100 % des populations porcines infectées, pour laquelle il n’existe pas de vaccin commercialisable à ce jour ou de traitement. Selon les experts[1], l’amélioration des mesures de biosécurité globales reste le principal rempart contre la propagation du virus.
Depuis l’apparition d’un premier foyer en Chine en août 2018, le virus s’est propagé à grande vitesse dans la région, touchant de plein fouet le Vietnam (février 2019[2]), puis le Cambodge (avril 2019) et le Laos (juin 2019), avant de se propager à l’Asie du Sud-est insulaire, notamment aux Philippines (juillet 2019). La PPA menace ainsi la sécurité sanitaire de l’ensemble de la filière porcine en Asie du Sud-Est. Au vu de la place importante des produits d’origine porcine dans l’alimentation des populations, la PPA fait aussi craindre l’émergence d’une insécurité alimentaire et nutritionnelle au niveau de la région, renforcée par la crise économique engendrée par la Covid-19.[3]
Les 4 pays du projet remplissent leurs obligations légales de notification de la maladie auprès de l’organisation mondiale de la santé animale (OIE). En tant que pays membres de l’OIE, ils participent au « call for action » déployé par l’OIE et la FAO afin que les Etats touchés par la maladie mettent en œuvre des mesures pour lutter contre sa propagation. Chacun des Etats a donc lancé un plan d’action national spécifique pour lutter contre la PPA. Le diagnostic des besoins pour lutter efficacement contre la PPA est établi dans le cadre du GF-TAD (Global Framework for the Progressive Control of Transboundary Animal Diseases) mené par l’OIE et la FAO. Aujourd’hui, les Etats touchés par la PPA ont besoin d’un appui pour la mise en œuvre effective et coordonnée de mesures de biosécurité à l’efficacité reconnue.
Dans le cadre du cofinancement du présent projet de FSPI, obtenu le 20 octobre 2021 auprès du fonds pour l’application des normes et du développement du commerce (FANDC) hébergé par l’OMC, les 4 Etats susmentionnés ont émis des lettres de soutien dans lesquelles ils soulignent la nécessité d’efforts conjugués appelés de leurs vœux pour lutter contre la PPA en renforçant la mise en place des mesures de biosécurité.
[1] http://www.gf-tads.org/regional/asia/en/. La biosécurité désigne l’ensemble de mesures préventives et réglementaires visant à réduire les risques de diffusion et transmission de maladies infectieuses chez l’homme, l’animal et le végétal.
[2] ASF Situation Update (FAO, Mars 2020). Les chiffres entre parenthèses correspondent aux dates des premières notifications officielles des Etats auprès de l’OIE.
[3] The Diplomat, The battle to curb ASF in Asia, 18 July 2019. La FAO prévient que le virus menace les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire de millions de personnes en Asie du Sud-Est et de l’Est, en particulier les petits éleveurs de porcs.
2. Quel est le caractère innovant du projet ?
Le projet est innovant car il se propose de déployer :
- Une approche pilote dans un domaine stratégique : en dépit de la situation épidémiologique régionale, de l’impact de la crise de la PPA sur les filières internationales et de l’enjeu urgent d’améliorer la biosécurité des élevages, aucune action d’ampleur n’est actuellement mise en œuvre en Asie du Sud-Est pour soutenir les producteurs et les filières porcines face à crise de la PPA. L’action de la France pourrait utilement combler un vide et poser les jalons d’une coopération technique et commerciale durable avec l’ASEAN et ses pays membres ;
- Une approche opérationnelle, ancrée sur le terrain : le projet se fonde sur l’expertise et l’implantation locale d’AVSF et du CIRAD en Asie du Sud-Est, et complète un dispositif cohérent d’intervention en matière de biosécurité et de bonnes pratiques d’élevages (y compris One Health) actuellement en cours de co-construction par ces deux acteurs ; les études, formations et accompagnements techniques mis en œuvre dans le cadre de ce projet pourront ainsi bénéficier d’effets de leviers importants. Surtout, il complète les actions de l’OIE et de la FAO, limités à des appuis institutionnels, en apportant des solutions opérationnelles concrètes susceptibles d’être motrices de réels changements, notamment à l’échelle locale ;
- Une approche participative, multi-acteurs et d’ampleur régionale : le projet appuie aussi bien les autorités et services publics nationaux que les acteurs de la filière en milieu rural (producteurs, OP, ACSA), en prenant en compte la diversité des contextes régionaux et en apportant ainsi des solutions adaptées, à ces différentes échelles.
3. Description du projet
L’objectif global du projet est de contribuer, en complément des appuis institutionnels de l’OIE et de la FAO, au renforcement global des dispositifs de biosécurité en Asie du Sud-Est, par une meilleure connaissance des impacts, des acteurs, des pratiques et des facteurs de changement et par l’élaboration, sur cette base, d’outils opérationnels (formation, communication, suivi-évaluation, analyse du changement…), en appui au renforcement durable des dispositifs nationaux de lutte contre la PPA et autres maladies porcines émergentes, au niveau local, afin d’endiguer la propagation de la maladie et, ainsi, maintenir les systèmes d’agricultures familiales en place dans la région.
Le projet permettra :
– d’apporter des appuis institutionnels complémentaires aux actions de l’OIE et de la FAO, de compléter ces appuis institutionnels par des appuis techniques directs aux producteurs notamment ruraux,
– de renforcer à cet effet les services vétérinaires au niveau des districts, mais également les d’agents communautaires de santé animale (ACSA) dans les villages, de conduire des études terrain pour appuyer la prise de décision politique et élaborer des outils de formation et de communication adaptés,
– de développer des modèles « biosécurisés » à la fois simples, efficaces, adaptés aux contextes locaux et durables,
– d’élaborer, sur cette base, des méthodologies et outils spécifiques de suivi de l’innovation et d’identification des facteurs de succès et d’échec, en vue de créer des références solides (evidence-based) pour une réplication de ces modèles à une plus grande échelle.
Régions d'intervention |
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Secteurs d'intervention |
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Thématiques transversales |
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Dates de réalisation | du : 07/04/2022 au : 11/04/2024 |
Source de financement | Ministère de l'Europe et des Affaires Etrangères |
Montant du financement | 310487 Euros pour les 4 pays ( Laos, Cambodge, Vietnam et Philippines) |
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